C’est-y pas l’turbin qui t’use ?
1er MAI : la dé-fête du travail !
Tu acceptes de perdre un tiers de ton temps en travaillant et de gâcher les deux tiers restants à t’en remettre.
Tous les jours, jusqu’à la retraite, il faudra te lever à la même heure, faire le même trajet, les mêmes gestes, voir la même gueule du contremaître gueulard, la même gueule de l’ingénieur qui joue le copain. Et le soir, il te faudra courir, abêti, pour rattraper ces huit heures perdues. En fait, tu le sais, ces huit heures répétées, tu ne peux plus les rattraper. Elles ont enrichi « ton » patron, mais toi, elles t’ont bousillé le corps et l’esprit. Ce à quoi tu as renoncé ne t’est jamais rendu.
Ce temps perdu, tes désirs non réalisés te sont échangés contre un salaire. Cette carotte qu’on refile pour ta participation à produire des marchandises ne te permet que d’être un consommateur : pas de rendre ta vie passionnante.
Que ton turbin signifie peine, effort, harassement, cadences infernales, c’est vrai !
Mais il est aussi ennui, inutilité, inefficacité, dissimulation. Que tu sois derrière un guichet, sur une chaîne, à sourire et à répondre sur commande, à monter la garde devant des usines, des manomètres, des pelouses, des enfants, des psychiatrisés, c’est toujours « plus tard », « après » que tu pourras VIVRE, AIMER, FAIRE L’AMOUR, RIRE, CRIER, JOUER, TE BALADER……Au bout du compte, tu t’aperçois bien que « ça ne vient pas », que ta vie, c’est ta survie !
On t’a dressé à produire car il n’y a que ce qui est produit qui est appropriable par tes maîtres. Ton plaisir ne les intéresse pas. Ne les intéressent que les semblants de plaisir : c’est ce qu’ils appellent ton temps de loisir : décervelages télévisés, week-ends, vacances, Trigano, jeux patiolympiques, tiercé, loto, consommation de spectacles……
Chômeur(se) ou toi qui n’as jamais bossé et qui cherches de quoi assurer ta survie, tu n’as pas à culpabiliser : le travail n’ennoblit pas !
Il est maintenant considéré à sa juste valeur : dans les usines et les bureaux ; le ras-le-bol s’amplifie […….]. Les patrons aussi s’en sont aperçus, comme le prouve leur publicité : « On ne peut pas exiger des gens qu’ils aiment le travail, mais on peut rendre agréable leur lieu de travail ». L’absentéisme gagne du terrain, les vols de matériel, les sabotages de pointeuses ou de la production sont de plus en plus fréquents. L’outil de travail (ou plutôt d’exploitation !) n’est plus préservé dans les conflits durs : en 1976, à Fos, les grévistes arrêtaient les machines en laissant solidifier l’aluminium dans les cuves ; chez Renault, des presses ont été mises hors d‘état de nuire lors d’une grève ; chez Evian, les bouteilles plastiques pleines ont été crevées sur les chaînes…..
De la General Motors, aux USA, à la Fiat de Turin, le sabotage devient une pratique qui monte. Les mouvements de résistance au travail, qu’ils soient individuels ou collectifs, se multiplient, en particulier chez les jeunes, et ça n’ira qu’en s’aggravant …Aujourd’hui, rien ne justifie que notre activité reste enfermée dans le travail. La solution n’est pas dans le retour à la vie primitive mais dans l’utilisation maximum du machinisme ; de l’automatisation liée à une réduction massive du temps de travail.
DEUX HEURES PAR JOUR, AUJOURD’HUI C’EST POSSIBLE !
TANT VA LE PROLO AU BOULOT QU’A LA FIN, IL SE LASSE !
TRAVAILLEURS DE TOUS LES PAYS, UNISSONS-NOUS ET ARRETONS DE TRAVAILLER !
Tract du 1er mai 1978 , rédigé par le groupe Contre le Génocide par le Travail ( CGT)
et Contre la Fatigue et la Détresse dues au Travail (CFDT)
ce texte est parut sous forme de tract en 70 dans a region ,vous en pensez quoi???